Ce 5 juin est la journée mondiale de l’environnement. C’est donc l’occasion de revenir sur quelques grands enjeux et défis à relever concernant l’environnement dans le monde de l’édition. Nous remercions Pascal Lenoir, président de la commission Environnement et Fabrication, d’avoir répondu aux questions de l’équipe du syndicat.

Ce 5 juin est la journée mondiale de l’environnement. C’est donc l’occasion de vous demander : pouvez-vous nous détailler en quelques lignes les grands enjeux de la commission Environnement et Fabrication ?

La fabrication de livre et sa distribution sont les premières causes d’impact de notre filière sur l’environnement. Même si nous utilisons principalement du papier, une matière renouvelable certifiée, provenant de forêts durablement gérées, et recyclable, l’énergie pour produire ce papier, le transformer en livre et le transporter a un poids non négligeable.

Penser que cet impact est opposé à une vision économique est une erreur. Mesurer notre impact et l’améliorer ne peut, au contraire, qu’améliorer notre efficacité économique. Si l’on consomme moins de papier et parcourons moins de kilomètres pour vendre nos livres tout en diminuant nos gâches et notre pilon, l’impact ne peut que diminuer et nos coûts aussi, pour un chiffre d’affaires équivalent.

Pour cela, il nous faut mieux mesurer nos besoins, mieux communiquer sur l’ensemble de la chaîne. Cela va donc de la production à la vente, et aux retours de nos livres papier et numériques, pour ainsi nous mettre en capacité de produire au juste besoin, juste à temps. Le seul moyen est de pouvoir échanger des données structurées sur toute la chaîne afin de diminuer le poids administratif de notre filière en augmentant son efficacité, et ainsi permettre à tous de se concentrer à la mesure des gestes et actions et à leur efficacité environnementale et financière. Cela sera de plus une aide, facilitant l’intégration de nouvelles réglementations qui s’imposent et s’imposeront à nous : bientôt, un certain nombre d’entre nous, du fait de leur taille ou de leurs choix, devront calculer leurs impacts et seront audités sur ces données.

Alors appuyons-nous sur le travail collectif que la filière a toujours su partager avec ClicEDIt, Dilicom, Filéas…

En début d’année, le syndicat a lancé le projet Chapitres responsables, un programme concret pour une édition durable, qui se décline en trois axes (calculer – analyser – former) sur deux ans. Pouvez-vous nous résumer les avancées sur ce projet et les prochaines étapes ?

Chapitres responsables s’inscrit dans cette dynamique collective de mise en place d’outils d’amélioration de notre performance. Nous l’avons lancé en mars avec la commission et toutes les bonnes volontés qui nous ont rejoints, et il devrait se terminer fin 2026. J’en profite d’ailleurs pour remercier le SNE et ses équipes, mais aussi tous les membres de la commission qui se sont joints à nous pour travailler sur ces chantiers importants et qui feront date.

Le premier axe est une plateforme de calcul de consommation équivalent carbone de notre production au tirage, de la forêt aux portes des distributeurs en passant par l’imprimeur… ClimatCalc est le calculateur choisi. Il a été conçu et mis en place par plusieurs pays européens il y a quinze ans déjà pour calculer le bilan carbone d’imprimés. Il nous permettra de calculer l’empreinte carbone de notre production ou d’évaluer un tirage. L’avantage de ce principe, c’est que la récolte et la mise à jour des informations deviennent uniques par un tiers pour l’ensemble des utilisateurs, les calculs sont ainsi identiques pour tous les utilisateurs puisque nous n’avons qu’une source de données et un seul mode de calcul, ce qui n’est pas le cas lorsque chacun choisit son propre outil. Ensuite, il nous permettra de faire avancer l’outil par la mutualisation des compétences et des ressources et d’établir un calcul et une tendance de consommation carbone pour toute la filière.

Le deuxième axe est une ACV (Analyse de Cycle de Vie) venant compléter celles déjà existantes de l’ADEME et du ministère de la Culture – la première sur l’impact carbone de la lecture d’un livre papier à celui d’un livre numérique, et la seconde sur le livre d’occasion. L’ACV est un moyen de mieux comprendre l’impact environnemental intégrant d’autres critères que celui du carbone, comme l’eau, la terre, les matériaux…

Ce chantier va nous permettre de comprendre les leviers d’amélioration de l’impact, non seulement la fabrication et de l’usage de nos livres, mais aussi leur commercialisation, et nous savons que d’un type de livre à un autre, les enjeux, et donc l’impact environnemental, ne sont pas les mêmes. Aussi, ce qui pourrait passer pour une solution pour l’un peut être contreproductif pour l’autre.

Une fois la mesure faite et l’analyse des enjeux et des leviers effectuée, nous nous lancerons dans la création de contenus pédagogiques sous deux formats : un format long en présentiel et un autre plus court en e-learning. Ceux-ci seront ainsi proposés aux entreprises qui souhaitent former leurs équipes et ainsi aborder ces problématiques avec plus de connaissances et de méthodes.

Comme vous le voyez, nous nous sommes lancés dans de lourds chantiers collectifs structurants qui vont compléter ceux que vous connaissez déjà : consommation papier, pilon, charte environnement, ClicEDIt, afin d’augmenter notre efficacité et nos connaissances.

Encore une fois, je tiens à remercier les équipes du SNE et toutes les bonnes volontés qui composent cette belle commission Environnement et Fabrication.