Louis Delas, Vice-Président du SNE, a introduit les 4e Assises de la littérature jeunesse le 9 octobre 2023 à la BnF.

« Madame la Présidente de la Bibliothèque nationale de France, chère Laurence Engel,

Mesdames les co-présidentes du groupe jeunesse du Syndicat national de l’édition, chère Laurence Faron et chère Cécile Térouanne,

Chères toutes et tous,

Je suis très heureux d’ouvrir au nom du SNE ces 4^es Assises de la littérature jeunesse consacrées à l’international.

Lorsque nous avons pris l’initiative de lancer ce rendez-vous en 2017, nous ressentions tous le besoin de discuter et d’échanger sur ce genre particulier, la littérature jeunesse.

Et 7 ans plus tard, nous ne pouvons que nous réjouir de la belle affluence dans ce lieu emblématique : la Bibliothèque nationale de France. Il est toujours fondamental de croiser nos regards, de nous nourrir des expériences de chacun pour mieux comprendre les évolutions et les accompagner, tant en France qu’à l’étranger.

Nous sommes heureux également de pérenniser cette rencontre et de poursuivre cette belle collaboration avec les équipes du Centre national de la littérature jeunesse que je remercie pour leur engagement dans ce projet.

La lecture des jeunes est une préoccupation que nous partageons tous, et la littérature jeunesse – avec toutes ses spécificités selon les tranches d’âge – a un rôle à jouer. Aujourd’hui, les dernières mesures d’audience d’Ipsos nous indiquent que près de trois heures par jour sont consacrées aux écrans chez les 13 et +, contre une heure par semaine pour la lecture.

Je ne reviendrai que brièvement sur les indicateurs de la dernière présentation du baromètre de la lecture par le Centre national du livre, en mars dernier. Mais vous vous souvenez sans doute de ces chiffres éloquents :

• le décrochage de la lecture des 15/24 ans s’accentue:  1 jeune sur 5 déclare ne pas lire du tout, le manque de temps et la concurrence d’autres loisirs étant les principaux freins à la lecture.
• Et pourtant sur les pratiques de lecture des 15 ans et +, nous indique que lire est associé à de nombreuses valeurs positives: approfondir ses connaissances, s’ouvrir l’esprit, se faire plaisir, s’évader, se détendre.

Nous sommes donc face à une situation paradoxale. La lecture est une valeur refuge reconnue mais le monde est happé par les écrans !

Si nous nous replaçons dans le temps long, la lecture a été déclarée grande cause nationale en 2021-2022 par le Président de la République.  Il faut donc continuer avec énergie à la promouvoir à tous les âges puisque toutes les études documentent ses apports dans la construction des individus et des citoyens de demain.

La clé principale pour atteindre cet objectif de transmettre le goût de la lecture aux plus jeunes afin de leur permettre, grâce aux créations des autrices et auteurs, de s’émanciper et de grandir dans le plaisir est de rendre facile l’accès au livre. C’est ça l’enjeu quotidien de tous les acteurs de la chaine du livre : éditeurs, prescripteurs, libraires, enseignants, bibliothécaires, journalistes, professionnels de l’enfance…

Profitons-en d’ailleurs pour saluer ici toutes les initiatives – publiques, privées, associatives – qui rivalisent d’imagination pour instiller ce plaisir de lire chez les jeunes.

Nous, professionnels du livre et de la création, voulons donc plus que jamais continuer à mener de multiples actions en faveur de la promotion de la lecture pour la jeunesse, particulièrement dans les périodes de turbulences que nous traversons, et j’en profite pour remercier de leur investissement tous les membres du groupe jeunesse du SNE.

En effet, cet investissement collectif a permis ces dernières années :

• De pérenniser et voir progresser les Petits champions de la lecture, Plus de 120 000 élèves ont participé à la dernière édition dont la finale s’est déroulée à la Comédie Française en juin dernier. Nous aurons justement le plaisir d’écouter ce matin l’intervention de Clémentine Beauvais, la nouvelle marraine des Petits champions, qui a une grande expérience des allers-retours entre les langues du fait de son installation entre la France et le Royaume Uni, et de ses interactions quotidiennes comme autrice et traductrice.
• Parce qu’on l’a dit, le décrochage de la lecture a surtout lieu à l’adolescence, le groupe jeunesse du SNE a également mis en place depuis plusieurs années le Prix Vendredi qui distingue le meilleur roman à destination des plus de 13 ans. Pour sa 7^e édition, il révèlera ses lauréats le 13 novembre prochain parmi une sélection de 10 ouvrages publiés entre octobre 2022 et août 2023.
• Nous avons également poursuivi le travail de la commission salons et manifestations pour défendre la place de la littérature jeunesse et de leurs auteurs dans les salons, notamment grand public. Et nous nous retrouverons tous, je l’espère, une nouvelle fois dans les allées du Salon du livre de jeunesse de Montreuil, fin novembre, et dans celles du Grand Palais éphémère en avril prochain pour le Festival du Livre de Paris.
• Une Rencontre en région nous permettra également, en 2024, de nous retrouver à Strasbourg, qui accueillera une riche programmation dans le contexte de la capitale mondiale du livre (un label décerné chaque année à une ville par l’Unesco). Nous pourrons nouer un dialogue privilégié entre éditeurs jeunesse et médiateurs du livre, notamment libraires et bibliothécaires car il est essentiel de toujours explorer sur le terrain de nouvelles initiatives autour de la médiation et la promotion de la lecture des jeunes.

Je voudrais rapidement vous donner quelques indicateurs chiffrés sur la situation actuelle de la littérature jeunesse en France et dans le monde, et j’en profite pour remercier Karen Politis Boublil du Syndicat national de l’édition qui les a compilés avec rigueur et méthodologie.

L’année 2022 a vu 18 535 titres publiés en jeunesse – dont 6 778 nouveautés -, avec un total de 82,6 millions d’exemplaires vendus pour un chiffre d’affaires de 378,2 millions d’euros.

C’est un marché en baisse, au niveau français, de 8,2% en valeur et 11% en volume par rapport à l’année exceptionnelle qu’a été 2021.

Si on regarde la situation avant covid, nous sommes en baisse de 3% en volume et en hausse de 7,7% en valeur cependant…

Ce secteur représente 18,4% des ventes totales de livres en France, un des secteurs les plus importants après la littérature générale et la bande dessinée.

Et si l’on regarde du côté de l’international en 2022, 3 331 titres ont été cédés à des éditeurs étrangers, un tiers des titres pour être traduits vers le chinois, puis vers le coréen (13%), bien devant l’italien, l’espagnol ou le roumain.

1 762 titres ont fait l’objet de coéditions et dans ce cas, on observe un autre panel linguistique : 26% des titres coédités le sont en espagnol, puis 17% en italien, devant le catalan, le néerlandais et l’allemand, l’anglais, le tchèque et le chinois…

Côté importations : 76% des titres jeunesse traduits vers le français le sont depuis la langue anglaise (pour 1021 titres sur les 1 348 traduits).

Pour terminer, deux mots sur le programme qui nous attend aujourd’hui : la littérature jeunesse est-elle un continent sans frontières ?  

Quels sont les enjeux à l’œuvre ?

Quels phénomènes sont communs dans le monde de l’édition ? Les défis du numérique, de la concentration du secteur, de l’intelligence artificielle, ou de la censure sont à l’œuvre ici et là.

Nous croiserons les points de vue d’auteurs et autrices, traducteurs et traductrices, responsables de cessions de droits, journalistes, éditeurs et éditrices, universitaires, et représentants de structures qui font la promotion de la lecture jeunesse.

Avant de donner la parole à Clémentine Beauvais pour la conférence inaugurale, laissez-moi vous souhaiter à toutes et tous une excellente journée de travail, encore merci à la BnF pour son accueil et son précieux Centre national de la littérature pour la jeunesse qui coorganise avec le groupe Jeunesse du SNE cet événement, mais aussi à la Sofia qui nous soutient avec une grande fidélité. Mes remerciements enfin à toute l’équipe du SNE pour l’organisation de cette journée.

Je vous remercie.