Interview d’Antoine Gründ, président du groupe Art et Beaux livres du Syndicat national de l’édition, à l’occasion de l’opération « J’aime le livre d’art ».

Le prix « J’aime le livre d’art » entre dans sa 8e édition : en quoi cette nouvelle édition marque-t-elle une évolution par rapport aux précédentes ? Pourriez-vous également nous donner votre regard sur la sélection du prix (variété des sujets, démarches éditoriales, objets proposés…) ?

Cette huitième édition s’inscrit d’abord dans la continuité des sept précédentes : une opération de fin d’année, en librairie, qui met en lumière, à travers une sélection d’ouvrages présentés par les maisons participantes, la singularité et la vitalité de notre secteur éditorial. Cette année, nous avons proposé à une vingtaine de libraires spécialistes de constituer un jury, plus resserré que les années précédentes. C’est ce jury qui va désigner, parmi les 46 livres présentés, un lauréat et deux « mentions spéciales ». Les trois ouvrages récompensés bénéficieront d’un soutien à leur promotion en librairie, mais c’est aussi l’ensemble de la sélection qui fait l’objet d’actions de communication, notamment à travers un compte Instagram que nous avons créé cette année, et un partenariat avec Livres Hebdo pour un webinaire dédié au prix. Enfin, après avoir été porté quelques années par une association créée à cet effet, « J’aime le livre d’art » est désormais directement géré par le SNE, ce qui garantit à notre opération davantage de légitimité, de force et d’efficacité.

Le catalogue téléchargeable ici offre un aperçu particulièrement frappant de la richesse et de la diversité des sujets traités par les éditeurs du groupe, depuis des grands textes littéraires ou mythologiques illustrés, jusqu’à des formes très contemporaines de culture populaire, en passant par des monographies d’artistes ou des explorations de lieux singuliers. En termes de formats, d’approches graphiques, mais aussi de prix de vente, la variété est également au rendez-vous. Cela montre à l’évidence que, contrairement aux idées reçues, le livre d’art et le beau livre peuvent toucher un public extrêmement large.

Vous êtes président du groupe depuis mars ; quels sont les grands enjeux du groupe Art et Beaux livres dans les mois à venir ?

Avec le bureau du groupe, et plus largement l’ensemble des maisons, nous souhaitons continuer à renforcer nos liens avec les libraires. Le travail de suivi et de bilan de l’opération « J’aime le livre d’art » en offrira l’occasion, tout comme le partenariat que nous montons avec l’École de la Librairie. Par ailleurs, nous cherchons avec l’équipe du Festival du livre de Paris à renforcer la visibilité de notre secteur éditorial dans cette grande manifestation, sans oublier naturellement d’autres salons ou festivals auxquels nos maisons participent.

Comment se porte le secteur des livres d’art en cette période marquée par un recul de tous les secteurs éditoriaux (à l’exception de la littérature) ?

Notre secteur est évidemment confronté aux mêmes difficultés que les autres, son économie reste fragile, mais il n’a pas dit son dernier mot, a fortiori dans une société contemporaine tellement marquée par la présence des images. On peut donc dire que pour nous, d’une certaine manière, le contexte est aussi riche en menaces qu’en opportunités ; et que l’enthousiasme, la curiosité et la créativité des éditeurs de livres d’art et de beaux livres sont des atouts très forts.