Syndicat national de l'édition

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Interview de Florent Souillot, président de la commission Numérique

Interview de Florent Souillot, président de la commission Numérique du Syndicat national de l’édition, à l’occasion des Nouvelles Assises du livre et de l’édition le 4 décembre.

 

Cette année, les Assises du livre numérique changent de format et deviennent les « Nouvelles Assises du livre et de l’édition ». Concrètement, qu’est-ce que cela change, et quelle place occupe le numérique dans cette transformation ?

Nous avons décidé d’élargir l’horizon de nos assises tout en conservant une dimension importante liée à l’innovation et au numérique. Cette nouvelle édition, qui se tiendra le jeudi 4 décembre à la Bibliothèque nationale de France, aura pour thème « Le pouvoir des livres », et l’on y parlera aussi bien du livre comme objet social et politique, que de ses adaptations sur scène et à l’écran, ou bien encore des enjeux actuels de l’intelligence artificielle dans l’édition.

Etienne Klein, scientifique, auteur et philosophe, nous éclairera sur quelques-uns de ces livres qui, à ses yeux, ont littéralement changé le monde. Puis des éditrices et éditeurs d’essais et de documents nous expliqueront comment, grâce au relai essentiel des libraires, leurs ouvrages accompagnent et nourrissent les grands sujets sociétaux contemporains.

Un premier baromètre des usages de l’intelligence artificielle dans les maisons d’édition sera présenté, avant que des éditeurs et chercheurs reconnus nous aident à poser les grands enjeux de cette révolution pour notre secteur, et notamment notre combat pour défendre le droit d’auteur et promouvoir des solutions éthiques. Nous tenterons alors en écoutant la philosophe Camille Dejardin de répondre un peu plus sereinement à son interrogation : « À quoi bon encore apprendre ? ».

Fabrice Arfi, journaliste et auteur, nous expliquera ensuite comment son livre D’Argent et de sang a été porté à l’écran, et des professionnels de l’édition, du cinéma et du théâtre témoigneront des enjeux et de la vitalité des adaptations des livres pour la scène et pour l’écran.

Nous profiterons également de cette occasion pour faire un point sur le marché, cinq ans après le covid, et pour partager les dernières évolutions de l’outil interprofessionnel de suivi des ventes Filéas. Enfin, nous clôturerons cette journée par une revue des grands sujets de politique publique, en la présence notamment du médiateur du livre Jean-Philippe Mochon.

Un horizon élargi donc, pour profiter d’un moment collectif de réflexion, de partage et de mise en valeur des initiatives des maisons, et nous retrouver autour de cette certitude : le livre, quel que soit son format, est un sujet à la fois vivant et essentiel.

 

L’accessibilité est au cœur de l’actualité, en particulier avec l’entrée en vigueur de la Directive européenne sur l’Accessibilité le 28 juin dernier ; pouvez-vous nous en rappeler ses grands principes, et nous expliquer comment se déroule sa mise en place au sein du monde de l’édition ?

Entrée en vigueur le 28 juin dernier dans tous les Etats membres de l’UE, cette directive garantit l’accessibilité des biens et des services numériques aux personnes empêchées de lire (personnes malvoyantes et aveugles, souffrant de troubles DYS ou auditifs précoces par exemple).

La loi s’applique notamment à tous les livres parus au format numérique depuis cette date, mais aussi aux sites de commerce (dont ceux des libraires) et aux outils de lecture (liseuses, applications et logiciels de lecture). Et dans cinq ans ce seront tous les fonds disponibles, pas seulement les nouveautés, qui devront être accessibles. 

On estime qu’environ un million de lecteurs en France peuvent désormais accéder à la lecture, à la condition que les livres numériques contiennent toutes les fonctions nécessaires à l’accessibilité : table des matières navigable, synthèse vocale, description alternative des images non décoratives, liens vers les pages du livre imprimé, taille des polices de caractères adaptable, etc.

Pour des livres « simples » de texte en noir et blanc, ces options sont relativement simples à mettre en place, à condition de bien déclarer l’accessibilité des livres tout au long de la chaîne jusqu’au lecteur final. En revanche, pour des livres illustrés et/ou à mise en page complexe, c’est un travail beaucoup plus complexe : pensez aux livres illustrés, aux bandes dessinées, aux guides, aux livres scolaires présentant des images, des schémas, des équations, etc.

Cela fait plus de dix ans maintenant que la commission numérique du SNE a donc entamé un important travail d’accompagnement des éditeurs pour tenir cette promesse d’inclusion de tous les publics. Nous sensibilisons les éditeurs, partageons avec eux le maximum d’informations, fluidifions les échanges avec l’autorité de contrôle (l’Arcom) pour les éventuelles exemptions, collaborons avec les associations dont le travail d’adaptations spécifique perdure.

Ce travail a pris la forme de rendez-vous réguliers (assises, réunion de travail et d’information, webinaires), de guides et de publications techniques de référence à l’usage des maisons et des prestataires (tous disponibles sur le site du SNE), de campagnes de communication autour de l’accessibilité et de l’édition adaptée (par exemple l’opération « Rentrée littéraire accessible et adaptée »), etc.

Aujourd’hui, nous pouvons donc affirmer que nous avons réussi à atteindre cette première étape : sauf exceptions, tous les livres nouvellement parus sont désormais accessibles à tous les publics. Cette étape clef ne signifie pas que le travail est terminé, bien au contraire, mais nous pouvons avancer plus sereinement vers la mise en accessibilité complète de tous les livres, fonds compris, d’ici juin 2030.

 

Quels sont les grands enjeux de la commission Numérique ?

Hormis ceux que je viens d’évoquer, plusieurs dossiers animent notre commission : l’intelligence artificielle, la lutte contre le piratage, la standardisation des formats pour rendre plus fluides la lecture et la protection des livres numériques, etc.

Parmi eux, l’un des plus importants est certainement l’intelligence artificielle. Nous avançons ici en collaboration étroite avec la commission juridique du syndicat, pour faire porter notre voix et défendre le droit d’auteur. Nous sommes par exemple le seul pays où des représentants d’éditeurs et d’auteurs poursuivent conjointement un fournisseur d’IA – Meta – pour suspicion d’utilisation de livres piratés. 

Nous nourrissons les réflexions pour réguler l’IA et promouvoir des modèles soutenables qui laissent le choix aux auteurs et éditeurs d’y contribuer contre une rémunération juste et équitable. Sans régulation, nous courrons de forts risques de piratage et d’invisibilisation des vrais livres : en ce moment par exemple, nous luttons déjà contre l’émergence de milliers de faux livres générés par IA qui commencent à apparaitre sur certains sites de e-commerce !

Un mot pour finir sur le groupe « Normes et standards », rattaché à notre commission et animé par Louis Marle, qui publiera début 2026 le référentiel qualité « Qualebook », co-réalisé avec le laboratoire Edrlab. Ce référentiel qualité apportera toutes les réponses aux enjeux de l’accessibilité dans la conception des livres numériques, et constituera une ressource clef pour les éditeurs !

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