Syndicat national de l'édition

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Interview de Sonia Draga, Présidente de la FEE

Sonia Draga a été élue Présidente de la Fédération des Éditeurs Européens (FEE) en novembre 2024. Nous la remercions d’avoir répondu aux questions de l’équipe du Syndicat national de l’édition, ci-dessous.

 

En tant que Présidente de la FEE récemment élue, quels sont les enjeux importants que vous voulez mettre en lumière durant la prochaine année et demie ?

En tant que Présidente de la FEE, mais également en tant qu’éditrice et citoyenne, je pense que l’urgence est d’encourager la lecture, notamment auprès des jeunes. La FEE s’est associée au manifeste de Ljubljana qui recommande de promouvoir la lecture de haut niveau.

Par ailleurs, même si elles ont été pensées pour des motifs louables, un certain nombre de législations européennes font l’objet de toute notre attention car elles peuvent rendre notre activité plus compliquée. Je pense bien entendu au Règlement sur la déforestation sur lequel nous travaillons afin de minimiser l’impact sur notre secteur, tout en reconnaissant que la société tout entière doit faire face au défi climatique. Cependant, il faut que la législation soit équilibrée et ne mette pas en danger certains secteurs de l’édition. C’est aussi vrai pour les législations sur l’accessibilité – pour lesquelles la France a fait preuve de beaucoup de pragmatisme qui devrait inspirer d’autres États membres –, celle sur la sécurité des produits, etc.

De même, le droit d’auteur, contesté par un certain nombre d’acteurs qui voudraient s’affranchir de devoir rémunérer la création, continue à être au centre de nos préoccupations.                              

 

Quels sont les défis que les éditeurs européens doivent relever ?

Ceux que je viens d’énumérer, mais également le défi des ouvrages en anglais qui concurrencent les traductions dans les différentes langues européennes, un phénomène qui touche beaucoup de pays européens. La gestion de la production et de la distribution doit être optimisée. Ce sont des domaines dans lesquels les travaux du SNE font foi.

Autre sujet, faire en sorte qu’une offre industrielle de livres « d’occasion » ne mette pas en péril l’offre d’ouvrages neufs en librairie et par conséquent, la rémunération des acteurs du livre.

Bref, si le livre se réinvente à chaque révolution technologique, les éditeurs doivent développer de nouvelles solutions adoptées à leurs structures qui sont bien évidemment différentes selon les pays et les langues.

 

Au lendemain du Sommet pour l’action sur l’IA de Paris, comment la FEE gère le sujet de l’IA dans le secteur de l’édition ?

Les éditeurs qui ont développé, dès l’adoption de la Directive sur le droit d’auteur dans le marché unique numérique, un protocole d’« opt out » de l’exception pour la fouille de données et de textes (TDM), militent avec les autres secteurs culturels pour la plus grande transparence quant aux sources utilisées par les développeurs de l’IA. Sans cette transparence essentielle afin de faire respecter les droits, les auteurs et les éditeurs n’auront pas les garanties nécessaires. Nous suivrons bien entendu de près la procédure française des auteurs et éditeurs contre Meta, procédure qui plaide pour une transparence accrue et obligatoire.

Par ailleurs, l’IA peut se révéler d’une grande utilité pour effectuer un certain nombre de tâches et pour rationaliser la production et la distribution. Dès lors, les éditeurs auront recours à celle-ci si elles aident à mettre les bons livres dans les mains des lecteurs.

 

À votre avis, comment le marché du livre en Europe va-t-il évoluer sur le moyen et le long terme ?

Les éditeurs sont nécessaires pour assurer à la société que les livres disponibles ont été sélectionnés ou commissionnés auprès d’auteurs de grande qualité. Il est de notre devoir de continuer à être responsables de notre production, à l’heure où plus en plus d’informations fausses ou faussées sont disponibles, notamment sur les réseaux. Nous devons nous réinventer constamment, mais cela crée de l’émulation et c’est positif pour la société. Notre grand défi, à nous les éditeurs mais également à la société dans sa globalité, c’est de faire en sorte que les citoyens lisent pour développer les capacités d’analyse dont ils auront besoin dans leur vie.

 

Que pouvez-vous nous dire sur le marché du livre dans votre pays, la Pologne ?

Le marché du livre polonais en est à un tel stade qu’il nécessite des réformes conséquentes et profondes. Les 10 dernières années, nous avons observé une guerre des prix entre les grandes enseignes ; en résulte un nombre de librairies toujours en diminution, en particulier les librairies indépendantes. Le secteur s’est battu pour une loi sur le prix fixe mais, sans avoir un consensus entre les différents acteurs, nous n’avons pas réussi à faire progresser la législation. En conséquence, les ventes en ligne (avec de très importantes remises) dominent, le nombre de libraires se réduit de plus en plus, les marges sont de plus en plus faibles et dès lors, les paiements aux auteurs également, sauf quelques bestsellers. Le nouveau gouvernement a été informé de la situation et travaille sur une solution législative. Celle-ci sera difficile à mettre en œuvre au vu des positions diamétralement opposés des acteurs de l’industrie.

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