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Interview de Benoit Pollet, président du groupe Bande dessinée

Interview de Benoit Pollet, président du groupe Bande dessinée du Syndicat national de l’édition, à l’occasion de la journée nationale de la BD le 25 septembre.

 

Après plusieurs années fastes, le marché de la bande dessinée semble se rétracter. Quels sont vos projets pour faire revenir les acheteurs dans le secteur et renforcer sa visibilité ?

Depuis 2023, le marché de la bande dessinée se rétracte effectivement, probablement en raison d’un développement très rapide ces dernières années et conséquence probable de plusieurs facteurs comme le morcellement sur différents supports du temps consacré aux loisirs culturels – avec notamment une consommation d’écrans en forte augmentation – la fréquentation des sites pirates, la baisse du pass culture, le développement du marché de l’occasion…

Toutefois, je rappelle que le marché de la bande dessinée a connu une formidable progression entre 2019 et 2022. Et en 2024, son chiffre d’affaires PPHT global dépassait 800 M€ en France alors qu’il était inférieur à 600 M€ en 2019. La bande dessinée s’est hissée à la deuxième place du marché de l’édition, tous genres confondus. Un livre sur cinq vendus est dorénavant une bande dessinée.

Ce succès est la conséquence d’une diversité éditoriale sans précédent, créée par les auteurs, portée par les éditeurs. Plongeant ses racines dans l’humour et l’aventure, la bande dessinée s’épanouit aujourd’hui dans toutes les histoires, fictionnelles ou réelles, historiques, biographiques, autobiographiques, reportages, documentaires, essais… avec tous les styles et toutes les expressions graphiques pour tous les publics. La BD est plurielle, c’est sa grande force. Mais le revers de cette médaille, c’est une production annuelle qui peut sembler aujourd’hui trop importante – plus de 7 000 nouveautés par an.

Avec mes confrères de notre groupe BD au SNE, nous multiplions les actions pour soutenir le dynamisme de notre genre et élargir notre lectorat. J’en cite deux :

Les « Rencontres BD en régions » qui réunissent chaque année des professionnels du secteur au sein d’un festival ou d’un lieu emblématique de la culture. Elles sont l’occasion d’un véritable moment de partage sur les problématiques BD avec les acteurs de terrain, libraires, bibliothécaires, médiathécaires, enseignants ou membres d’associations œuvrant pour la lecture, toutes et tous essentiels pour la promotion de notre genre éditorial.

La collection « BD en classe » qui a pour vocation de démocratiser l’utilisation de la BD comme outil pédagogique pour les élèves du 3e cycle – CM1, CM2, 6e. Nous distribuons chaque année plus d’un millier de kits composés d’un livret pour les enseignants et de carnets d’activité pour leurs élèves, mettant en scène nos univers BD sur des thématiques abordées dans les programmes scolaires. Le 1er opus traitait des monstres, le 2e de la nature, le 3e de l’aventure. Nous avons touché 150 000 élèves depuis le début de cette opération.

 

En France, 2e pays consommateur de manga derrière le Japon, le piratage de mangas est de plus en plus répandu. Quelles en sont les conséquences et quelles sont les actions menées pour contrer ce mouvement ?

Le piratage est un vrai souci pour le manga, c’est un fléau.

Les études montrent que 80 % des lecteurs français de mangas fréquentent des sites pirates, souvent sans le savoir. Les 24 sites pirates français les plus populaires génèrent plus de 100 millions de visites mensuelles. Parallèlement, le marché du manga en France enregistre sa 3e année de baisse consécutive, avec une tendance de -25 % depuis 2022.

Face à ce constat préoccupant, les éditeurs mangas du SNE ont décidé de mener deux actions parallèles :

Une action en justice qui a permis la condamnation début juillet d’un des sites pirates les plus fréquentés, Japscan.lol, et son déréférencement. Cette action est une première pour les éditeurs manga et montre notre détermination à agir.

La constitution d’une association de lutte contre le piratage manga réunissant tous les acteurs du manga en France – éditeurs, plateformes légales de diffusion numérique, organisations professionnelles comme le SNE – susceptible d’aller chercher des financements pour des actions de sensibilisation du public et l’appui de nos ayants droit japonais pour faciliter le déréférencement des sites pirates par les fournisseurs d’accès.

 

Quels sont les grands enjeux du groupe Bande dessinée ?

Sensiblement les mêmes que ceux des autres genres éditoriaux – le marché de l’occasion, la lutte contre le piratage, le pass Culture… – sans oublier bien sûr toutes les actions collectives en faveur de la lecture, malheureusement en baisse face à une domination écrasante des écrans.

À cela s’ajoutent quelques spécificités liées à notre genre éditorial comme la pérennisation de l’utilisation des codes-prix indiqués sur nos couvertures qui permettent un pilotage simple et fluide des prix de vente de nos albums.

Côté marché, élargir encore et toujours notre lectorat, par nos actions de promotion de notre genre éditorial et nos diverses participations aux événements et festivals.

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