- La parole à...
Interview de Cécile Térouanne, présidente du groupe Jeunesse
Interview de Cécile Térouanne, présidente du groupe jeunesse du Syndicat national de l’édition, à l’occasion du Salon de Montreuil en novembre.
Le marché du livre jeunesse a beaucoup évolué ces dernières années. Quel poids représente-t-il aujourd’hui dans l’édition française ?
Un poids considérable ! En 2024, l’édition de livres jeunesse enregistre un chiffre d’affaires de 370,7M€, se maintenant comme le troisième acteur du marché en termes de valeur, derrière la littérature et les bandes dessinées/comics/mangas, et devant les sciences humaines et sociales et les livres pratiques.
Après des années post-Covid plutôt fastes, la baisse est globale tant en volume qu’en valeur, avec des performances qui varient en fonction des segments : éveil et petite enfance comme documentaire subissent un repli plus ou moins marqué, avec des problématiques communes d’offre abondante, de coûts de fabrication en hausse et de concurrence du numérique. Tandis que la fiction à destination des lecteurs autonomes, des adolescents et des jeunes adultes, affiche une relative stabilité à relativiser dans un contexte de best-sellerisation accrue, de dépendance à l’audiovisuel, et de glissement du marché vers la littérature de genre parfois à la frontière avec l’adulte.
Quelles sont les actions déployées par le groupe Jeunesse du SNE pour soutenir ce secteur ?
Le groupe Jeunesse du SNE est très actif et mobilisé sur de nombreux sujets, tels que les Etats généraux de la lecture pour la jeunesse conduits depuis cet été par le ministère de l’Éducation nationale ainsi que le ministère de la Culture. Dans le même registre institutionnel, divers rendez-vous et échanges se sont tenus tout au long de l’année avec le cabinet des ministres successifs de l’Education nationale pour aboutir à la tant attendue inscription au « plan national de formation » de la littérature jeunesse comme « levier pour développer le goût de la lecture ». Au même titre que la place de la littérature jeunesse dans les programmes scolaires nous occupe, la place que cette dernière occupe dans les médias nous questionne. Pour cela, un dialogue avec la direction des magazines de France TV pour promouvoir la représentation des maisons d’édition et de leurs catalogues de littérature jeunesse auprès du plus grand nombre et de toutes les générations est en cours.
Nous menons également de nombreuses actions de promotion du livre et de la lecture : la 9e édition du Prix Vendredi dont le lauréat a été annoncé le 4 novembre dernier ; sans oublier la préparation de la 41ème édition du Salon du livre et de la presse jeunesse de Montreuil, que tous les membres du bureau animeront via des parcours organisés pour les bibliothécaires et les professionnels du livre.
Auprès de ces derniers, des rencontres sont très régulièrement organisées, en témoignent les Dialogues de la littérature jeunesse lancés en avril dernier à l’occasion du Festival du Livre de Paris ou les rencontres en région, dont la prochaine édition se tiendra le 3 juin 2026 à la médiathèque José Cabanis de Toulouse.
Si vous vous posiez la question, la réponse est toute trouvée : on ne chôme pas !
Comment le livre jeunesse peut-il continuer à séduire les jeunes lecteurs dans un monde de plus en plus numérique ?
Avec confiance ! Confiance en ce qu’il est, car le livre jeunesse est créatif et innovant, perméable aux innovations tout en restant accessible et le plus sûr lien de transmission de la culture et des valeurs humanistes qui nous animent.
Confiance en son public et ses lecteurs, curieux et sans cesse en mouvement, avides d’aventures et d’images, de récits indéfiniment réinventés et d’apprentissages revisités.
Confiance en ses relais institutionnels et sociétaux – à commencer par les parents et les enseignants – qui, d’autant plus dans un environnement qui peut sembler menaçant, mesurent combien le livre jeunesse est un formidable média d’éveil, un levier concret pour mieux s’emparer des outils numériques et non en devenir les instruments béats.









