Syndicat national de l'édition

  • La parole à...

Discours de Renaud Lefebvre pour l’ouverture des Nouvelles Assises du livre et de l’édition

« Chers amis, acteurs de la vie du livre,

Au nom de Vincent Montagne et du Syndicat national de l’édition, je suis très heureux de vous souhaiter la bienvenue aux nouvelles assises du livre et de l’édition et je ne cacherai pas notre joie de vous voir si nombreux au rendez-vous.

Après 25 Assises du livre numérique, c’est une nouvelle formule que nous inaugurons aujourd’hui. Le mérite en revient d’abord à Florent Souillot, président de notre commission numérique, qui, conjointement avec Alban Cerisier, a proposé que le champ de cette journée soit élargi à l’ensemble des enjeux du livre et de l’édition. Non pas évidemment que la question du numérique soit dépassée, elle sera le plus souvent en toile de fond, et parfois au tout premier plan, de nos débats, mais parce que le moment impose que nous prenions la mesure de l’ensemble des mutations en cours.

Cette idée s’est rapidement imposée comme une évidence. Il a fallu la mettre en œuvre et je remercie Florent et Alban, rejoints promptement par Cécile Boyer-Runge, qui se sont attelés à la conception du programme qui vous sera présenté dans un instant.

Nous avons décidé de placer cette journée sous le thème du pouvoir des livres

C’est un geste fort, d’abord de confiance, celui d’une conviction viscérale : le livre transforme, il transforme les existences, les idées, les sociétés. Cette puissance du livre, auteurs, éditeurs, libraires, adaptateurs, la diront avec toute la richesse de leurs regards croisés.

Mais le livre se transforme aussi. François Gèze parlait des « deux corps du livre », et l’autre corps du livre, c’est celui de son économie : pour que le livre continue de changer le monde, et la vie, il faut qu’il vive lui-même.

Il me reviendra aujourd’hui d’assumer le rôle du porteur de mauvaises nouvelles. 5 ans après, une fois mis à distance les soubresauts de la pandémie, disons-le simplement, les chiffres ne sont pas bons. Rassurez-vous, je ne vous infligerai courbes et ratios de si bon matin (ce sera pour cet après-midi), mais le livre recule et il est de notre responsabilité de porter un diagnostic lucide sur des tendances nettes et défavorables.

 Il est de notre responsabilité de porter un diagnostic lucide sur des tendances nettes et défavorables.

Les causes en sont évidemment multiples, et je ne citerai que les 4 facteurs les plus puissants :

  • l’inquiétant recul de la lecture, et je saisis cette occasion pour saluer le travail considérable mené par les états généraux de la lecture pour la jeunesse, puisse le plan d’action décennal annoncé apporter des réponses à la hauteur de l’enjeu
  • la lame de fond de l’occasion (nous verrons qu’elle ne retombe pas)
  • la montée à plus bas bruit du piratage en ligne
  • et évidemment la menace protéiforme de l’intelligence artificielle

On peut avoir des lectures différentes des impacts respectifs de ces facteurs, une chose est sure, l’édition doit faire face à une baisse de la demande qu’il serait imprudent de tenir pour conjoncturelle.

La tension économique qui en résulte impose à tous de s’adapter pour rendre cette baisse soutenable, et de fait nous y répondons déjà, individuellement et collectivement

Individuellement, ce sont ces inflexions dans une somme de comportements individuels qui font une tendance sectorielle : baisse de la production de nouveautés, ajustement des tirages, diminution des taux retours. Je vous livrerai quelques chiffres tout à l’heure.

Collectivement, ce sont ces initiatives dont le meilleur exemple est surement Filéas. Cet outil, qui vous sera présenté cet après-midi, est le produit de la détermination farouche, et conjointe, des auteurs, éditeurs et libraires afin d’ouvrir à tous l’accès aux données de ventes, avec à la clé une amélioration de l’efficacité économique et environnementale de notre filière

Cette promesse tenue, est un signe fort de solidarité. Ce n’est que sur de solides relations de confiance entres les acteurs interdépendants de la chaîne du livre que nous pourrons apporter des réponses collectives efficaces à tous ces défis.

A cet égard, je tiens à saluer la création le 6 novembre de l’Association de médiation des auteurs et éditeurs de livres, qui favorisera le règlement amiable des différends qui peuvent naître dans l’exécution du contrat d’édition. Vielle promesse également, aujourd’hui tenue.

Pour autant je gage que les occasions de nous retrouver au tribunal avec les auteurs ne manqueront pas, mais au moins serons-nous du même côté de la barre ! Nous le sommes déjà face à un des géants du numérique, un de ces acteurs de l’intelligence artificielle qui déploient avec constance une stratégie du fait accompli.

Face à des postures prédatrices, il est urgent de rétablir un rapport de force moins déséquilibré. Je saisis l’occasion pour saluer l’initiative du Sénat, portée par Laure Darcos, Agnès Evren, Pierre Ouzoulias et qui s’appuie sur le rapport d’Alexandra Bensamoun pour instaurer une présomption sur l’utilisation d’œuvres protégées.

Car les réponses apportées par les acteurs du livre, individuellement et collectivement ne peuvent pas tout. Plus que jamais, elles ont besoin d’être accompagnées par des politiques publiques qui sanctuarisent les fondements du monde du livre dans lequel nous voulons continuer de vivre :  

  • liberté de publication
  • respect du droit d’auteur
  • auquel je ne crains pas d’ajouter celui du prix unique du livre

L’actualité récente le démontre clairement, rien n’est jamais acquis face à des menaces qui se réinventent sans cesse.

Au-delà de cette vigilance, nous restons dans l’attente de réponses sur le livre d’occasion et l’intelligence artificielle. Leur développement ne doit pas se poursuivre plus longtemps au détriment des acteurs de la création. Des solutions existent, elles ont été mises en œuvre en leur temps quand il s’est agi du prix unique ou du photocopillage, il est temps que la volonté politique s’en empare.  

Je ne saurais terminer mon propos sans exprimer mes plus vifs remerciements :

  • à la bibliothèque nationale de France pour son accueil en ces lieux qui incarnent aussi le pouvoir des livres
  • à la Sofia et au CFC pour leur soutien
  • à Livres Hebdo, notre partenaire média
  • et par avance, à l’ensemble des intervenants et modérateurs qui vont faire vivre cette journée

Nous avons souhaité la placer résolument dans une posture critique, fidèles en cela à la maxime d’Umberto Eco : « les livres ne sont pas faits pour être crus, mais pour être interrogés. » « 

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