- La parole à...
Interview de Laurence Leclercq, directrice des Cessions de droits et des Licences du groupe Delcourt

Pouvez-vous vous présenter et nous parler de votre métier au quotidien ?
Après des études d’Histoire et LEA, complété par un master métier du livre (Paris XIII, Villetaneuse), j’ai débuté dans l’édition convaincue que je voulais être éditrice, avant de découvrir avec passion le monde des cessions de droits : être un pont entre deux rives, donner d’autres vies à une œuvre première… Un terrain des possibles très vaste qui n’a cessé de s’élargir depuis au fil des expériences, des idées et des évolutions du secteur !
Depuis 8 ans au sein du Groupe Delcourt, accompagnée par une équipe dynamique et motivée, mes journées sont très riches et très variées : des lectures évidemment, des salons et des festivals, et beaucoup d’échanges et de négociations – avec nos confrères internationaux, avec le monde des collectionneurs, avec nos confrères du poche ou du format sonore, avec nos partenaires éditeurs de jeux, directeurs de théâtre ou avec les producteurs, les réalisateurs ou les acteurs, sans oublier évidemment nos discussions avec les éditeurs et les auteurs !
Avec la multiplication des adaptations littéraires, qu’il s’agisse d’Hunger Games ou du Comte de Monte Cristo, pensez-vous que votre mission permet à de nouveaux publics d’accéder à la lecture ?
Oui, j’en suis convaincue et d’autant plus désormais que les adaptations notamment audiovisuelles et cinématographiques sont bien plus encadrées, visibles et mises en avant qu’elles ne l’étaient. Les producteurs, scénaristes et réalisateurs assument davantage trouver de très belles sources d’inspirations dans leurs lectures et d’en avoir besoin pour continuer de créer… Et nous sommes, côté édition, bien plus aguerris aux bonnes pratiques pour que l’œuvre d’origine et son auteur ne soient pas oubliés ou floués, et bien au contraire réellement (re)mis en avant. C’est à ce moment-là qu’en plus des fans de la première heure ou des connaisseurs, de nouveaux publics émergent, une nouvelle tranche d’âge, un public plus jeune, ou des lecteurs plus occasionnels, qui eux vont être interpellés par une proposition audiovisuelle ou cinématographique qu’ils ne pensaient pas être originellement littéraire et vont alors s’intéresser à l’ouvrage d’origine et/ou aux autres œuvres du même auteur.
Pouvez-vous nous parler d’une adaptation audiovisuelle sur laquelle vous avez travaillé et dont vous êtes particulièrement fière ?
Difficile de n’en sélectionner qu’une, compte tenu de l’ensemble des projets en cours… j’en évoquerai deux : une adaptation audiovisuelle en prise de vues réelles et une adaptation cinématographique en animation.
C’est une grande fierté d’accompagner l’adaptation audiovisuelle ambitieuse des albums « Les Sentinelles », de Xavier Dorison et Enrique Brecia, qui sera diffusée à l’automne en 8 épisodes de 52 minutes sur les écrans de Canal+ en création originale. La série réunit notamment Louis Peres, Thibaut Evrard, Kacey Mottet-Klein et Carl Malapa au sein d’une brigade de soldats aux capacités augmentées à l’aube de la Première Guerre mondiale. De l’historique, de l’aventure, des supers pouvoirs, une histoire d’amour, un décor parisien… une combinaison de genres rare pour une création française, et un vrai challenge pour ses scénaristes, réalisateurs et producteurs – Esprits Frappeurs et Federation Studios France. Le travail aura été long et fastidieux pour chacune des parties, mais nous y sommes : diffusion à l’automne 2025 !
Et autre grande fierté d’accompagner l’adaptation de la série de bande dessinée culte, Les Légendaires, de Patrick Sobral, en film d’animation en 3D avec la Pan-Européenne, Belvision et Maybe Movies à la production, et Guillaume Ivernel à la réalisation, avec l’auteur, Patrick Sobral, très impliqué dans ce développement. Le film devrait sortir en salles le 28 janvier 2026, et nous sommes fébriles !
Dans les deux cas, ces projets ambitieux avec des gros budgets ont été compromis et mis en difficulté par la pandémie de Covid, et par des montages économiques complexes, mais après de nombreuses années de travail et d’accompagnement, ils seront bientôt sur les écrans. L’émotion ressentie aux côtés des auteurs des œuvres d’origine et de leurs éditeurs lors des avant-premières est une belle récompense et une grande satisfaction.
Pour en savoir plus sur les adaptations d’œuvres littéraires : La SCELF