Syndicat national de l'édition

Économie

Les cessions de droit à l’international

Véritable relais de croissance pour l’édition, les cessions contribuent, de façon significative, à la marge nette des éditeurs. Cette activité apporte un complément aux droits perçus par les auteurs.

Ces derniers, en confiant la gestion de leurs droits étrangers à leur éditeur, attendent qu’un vrai travail soit mené pour que leurs livres soient le plus présents possible à l’étranger dans des langues autres. C’est à cette fin que l’édition française dispose de services de droits très professionnalisés.

La qualité et la densité du travail fourni par les personnes chargées de ces droits (directeurs ou responsables de droits, mais aussi éditeurs) en France est reconnue dans le monde entier. Tous les types de maisons d’édition, grandes comme petites, spécialisées et généralistes, dans toutes les catégories éditoriales, participent à cet effort de développement à l’international.

L’édition française à l’international en 2022

2022 : Une baisse de l’activité à l’international

L’activité des maisons d’édition françaises à l’international est en baisse de -14,5% en 2022 par rapport à 2021. Les évolutions sont un peu différentes entre cessions et coéditions. À périmètre constant, on note une baisse du nombre de cessions de 13,8% entre 2021 et 2022.

Le nombre de coéditions, à périmètre constant, est en baisse : -18,7% par rapport à 2021.

Droits mondiaux : des différences selon les bassins linguistiques

La cession des droits mondiaux concerne presque un contrat sur deux. Cette part, relativement stable ces dernières années, est en hausse en 2022.

Pour des langues comme l’anglais, l’espagnol et l’arabe, la part des droits mondiaux cédés est plus importante que la moyenne. Certains éditeurs anglo-saxons pour la langue anglaise, ou libanais, par exemple, pour la langue arabe, négocient fréquemment l’obtention des droits mondiaux lorsqu’ils achètent les droits de traduction de l’ouvrage. Une fois l’ouvrage traduit, ils peuvent alors élargir sa commercialisation à l’ensemble des pays de la zone linguistique concernée.

Légère hausse des cessions des droits numériques de traduction

En 2022, la cession simultanée des droits numériques de traduction est en légère hausse par rapport aux années précédentes et représente près de 29,6% de l’ensemble des contrats de cessions négociés.

Les contrats de cessions de droits numériques de traduction conclus séparément restent rares, de l’ordre de 1,5% du total des contrats en 2022. Une précision méthodologique est nécessaire : il s’agit rarement de titres pour lesquels les responsables de droits ont cédé uniquement les droits numériques de traduction (sans les droits papier) mais plutôt d’avenants à de précédents et anciens contrats pour lesquels les droits avaient été cédés uniquement pour le papier.

Une source de revenus complémentaire pour les maisons d’édition

L’activité de cessions de droits étrangers constitue une source de revenus complémentaires pour les maisons d’édition. Cette activité représente entre 4 à 6% du chiffre d’affaires des maisons d’édition ayant répondu à l’enquête.

La part du chiffre d’affaires de l’activité des coéditions dans le chiffre d’affaires total des maisons est, d’un point de vue méthodologique, plus difficilement exploitable en raison des coûts de fabrication : néanmoins, elle peut atteindre jusqu’à 30% du CA total de la maison ou du département éditorial concerné. Les cessions de droits, par le revenu qu’elles génèrent, participent à l’équilibre financier des maisons d’édition. Quant aux cessions en coédition, elles permettent souvent d’amortir les coûts de fabrication de certains ouvrages illustrés.

Les catégories éditoriales les plus appréciées à l’international

La production éditoriale française connaît un vif succès à l’international. Traditionnellement, la catégorie éditoriale où le nombre de titres cédés dominait était la jeunesse. Mais depuis 2020 et pour la troisième année consécutive, la bande dessinée arrive en tête avec 3 763 cessions sur l’année. Bande dessinée, jeunesse, fiction : à elles seules, ces trois catégories représentent 73,6% des titres cédés. Cette part est stable par rapport aux années précédentes.

La bande dessinée confirme sa place de leader dans les ventes à l’international (30% des cessions). Elle est suivie par la jeunesse qui représente 26,8% des cessions. En 2022, ce sont, au total, 3 763 titres qui ont été cédés à des éditeurs étrangers en bande dessinée et 3 331 en jeunesse. Comme les années précédentes, il est utile de rappeler que certaines spécificités du secteur de la jeunesse et de la BD sont de nature à tempérer ou à relativiser leurs belles performances. En effet, il peut y avoir en jeunesse de grandes séries (et donc des contrats sur 20, 30 ou même 60 titres), tout comme il peut y avoir plusieurs tomes en bande dessinée. Par exemple, quand un éditeur étranger achète une histoire, il peut signer six contrats s’il y a six tomes. Le nombre de cessions déclarées croît donc mécaniquement. La fiction (2 053 titres cédés) et la non-fiction (SHS, 1 299 titres et Essais, 837 titres) représentent 33,7 % du total des cessions de droit, un poids légèrement plus élevé qu’en 2021. Ces traductions jouent un rôle moteur dans la diffusion et le rayonnement de la pensée française à l’international. En 2022, la catégorie du livre pratique représente 5,6% du total des titres cédés.

Les coéditions : partenariats européen en jeunesse

La fabrication des livres illustrés, particulièrement des livres de jeunesse, induit fréquemment la nécessité de coéditer le titre avec des partenaires pour en partager les coûts. Avec 1 762 titres, le livre de jeunesse représente près de 92% du volume total des coéditions de 2022.

Ces coéditions sont principalement conclues avec des pays européens, notamment avec l’Espagne (avec des livres coédités en espagnol et en catalan), l’Italie, et l’Allemagne. On peut remarquer le nombre important de coéditions effectuées avec des éditeurs anglo-saxons (109 en 2022) sur des marchés réputés difficiles à pénétrer. Il faut également noter l’apparition de pays plus éloignés comme l’Argentine, Taïwan ou la République tchèque dans les pays partenaires de coéditions.

En quelles langues la production française est-elle traduite ?

Si l’on prend l’ensemble des contrats conclus, aussi bien en cession qu’en coédition, l’espagnol est, pour la première fois la principale langue de traduction des ouvrages français (11% du total). Il s’agit d’un fait notable, car c’est la première année où le chinois arrive en seconde place. En ajoutant à l’espagnol et au chinois les langues italienne, allemande, anglaise et coréenne, on atteint plus de la moitié du total des contrats conclus.

Le poids relatif des cessions et des coéditions au sein de ces onze premières langues de traduction est riche en enseignements, notamment en ce qui concerne les contrats conclus avec la Chine. Le savoir-faire des imprimeurs chinois donne l’opportunité aux éditeurs chinois d’acquérir des droits de traduction, plutôt que d’être partenaires en coédition.

Langues de traduction et catégories éditoriales

En 2022, le chinois est la langue la plus importante en termes de cessions pour trois catégories éditoriales : la jeunesse, les sciences humaines et sociales et les livres d’art. Depuis plusieurs années déjà, le marché de langue allemande est particulièrement réactif aux titres français dans le secteur de la bande dessinée, et cette tendance se confirme à nouveau en 2022. Les titres français de fiction ont connu un bon accueil en Italie, tout comme ceux du segment Actualité, Essais & Documents. Quant à la Roumanie, elle fait sa première entrée sur le podium en tant que meilleur pays acheteur de titres en pratique pour des traductions en roumain.

Conclusion

Avec une baisse de 14,5% du nombre de contrats de cessions de droits de traduction et de coéditions, l’activité des maisons d’édition françaises à l’international s’est nettement contractée en 2022. Plusieurs facteurs sont entrés en jeu dans cette diminution : face aux aléas de la hausse des coûts de l’énergie et du papier à l’échelle mondiale, les partenaires étrangers ont parfois été plus frileux avant d’acheter les droits d’ouvrages français et d’en supporter les coûts de traduction. La guerre en Ukraine a ralenti, comme on pouvait s’en douter, les échanges avec les éditeurs ukrainiens, mais aussi avec les éditeurs russes avec lesquels de nombreux nouveaux projets ont été mis en pause ou abandonnés. Quant à la Chine, qui était depuis de nombreuses années le premier partenaire de la France à l’international, il semblerait que l’élan des éditeurs chinois envers la production française se soit essoufflé en 2022.

Cette baisse doit toutefois être relativisée : 2021 avait été une année particulièrement exceptionnelle en chiffre d’affaires, comme en nombre de titres ayant fait l’objet de contrats ! Par ailleurs, la baisse du nombre de contrats en 2022 ne signifie pas nécessairement une baisse proportionnelle des revenus, qu’il s’agisse des contrats de cessions ou de coéditions.

Il faut souhaiter qu’en 2023 le livre français retrouve sa dynamique à l’international, qu’il s’agisse des traductions en langues étrangères, des coéditions ou des cessions de droits audio, nouveau type d’exploitation qui se développe et que le SNE prévoit de suivre à partir de l’année prochaine.

Quelques chiffres de 2022

Les droits de traduction de 14 342 titres ont été cédés en 2022 : 12 423 pour des contrats de cession (86,6% du total) et 1 919 pour des contrats de coédition (13,4%).

L’activité des maisons d’édition françaises à l’international s’est contractée en 2022, en baisse de 14,5% par rapport à 2021 : à périmètre constant, le volume des cessions de droits a diminué de 13,8% et celui des coéditions de 18,7%.

Hors coéditions, plus d’un titre sur deux (57% du total) est cédé en bande dessinée ou en jeunesse.

Pour la première fois, ce n’est pas le chinois mais l’espagnol qui arrive en tête des principales langues de traduction (+ de 1 590 contrats conclus). Viennent ensuite le chinois, l’italien, l’allemand, et l’anglais.

 

Pour aller plus loin, téléchargez la synthèse des Repères Statistiques de l’édition 2022-2023.

Ne manquez aucune actualité !

Abonnez-vous à la newsletter SNE

fermer

Partager par email

fermer

S'identifier

Mot de passe oublié ?

Pas encore inscrit?

Vous êtes adhérent au SNE, demandez vos codes d'accès.

Vous êtes éditeur et vous souhaitez adhérer au SNE.

fermer
fermer

S'inscrire à cet événement.

fermer

Gérer mes inscriptions aux groupes & commissions du SNE

Désolé. Vous devez être connecté pour accéder à ce formulaire.

fermer

Modifier votre mot de passe

fermer

Dépublication d'une offre d'emploi

fermer

Suppression d'une offre d'emploi

fermer

Souscrire aux newsletters suivantes