- La parole à...
Interview de Delphine Dourlet, présidente de l’association Les Éditeurs d’Éducation

C’est la rentrée des classes ! À cette occasion, nous remercions Delphine Dourlet, présidente de l’association Les Éditeurs d’Éducation, association qui anime le groupe Éducation du Syndicat national de l’édition, d’avoir répondu à nos questions.
La rentrée scolaire 2025 voit la mise en œuvre d’une réforme d’envergure, touchant plusieurs matières (français, mathématiques, langues vivantes) et plusieurs niveaux (de la maternelle au lycée). Quelles sont les incidences d’une telle réforme sur le fonctionnement des maisons d’édition scolaires ?
Les éditeurs scolaires se sont fortement mobilisés pour être au rendez-vous de cette réforme importante qui touche plusieurs matières et plusieurs niveaux. Malgré des textes de programme parus tardivement, toutes les nouveautés ont été envoyées dans les établissements et présentées aux enseignants au printemps, dans les délais adéquats afin que les équipes pédagogiques puissent choisir les manuels sur lesquels elles vont travailler avec leurs élèves à la rentrée de septembre.
Cette forte mobilisation a concerné bien entendu les auteurs et les éditeurs mais aussi les graphistes, iconographes, fabricants et, plus largement, l’ensemble de la chaine éditoriale et des métiers de nos maisons avec des objectifs communs : proposer une grande diversité de ressources pédagogiques et des contenus structurés, de qualité et fiables pour répondre aux différents besoins pédagogiques des enseignants.
La place du numérique à l’école est devenu, depuis quelques mois et le rapport de la « commission écrans », un sujet de société. Quelle est la position de l’association sur cette question ?
Depuis de nombreuses années, les éditeurs proposent des contenus pédagogiques, à la fois en papier et en numérique. Pour les Éditeurs d’Éducation, le papier et le numérique sont complémentaires, il ne faut pas les opposer. Pour certaines activités, le papier est plus efficace d’un point de vue cognitif (la lecture longue, la mémorisation, par exemple), des études scientifiques l’ont prouvé. Pour d’autres activités, le recours au numérique est plus intéressant et facilitant pour les enseignants, qu’il s’agisse de l’entrainement ou de l’évaluation des élèves, ou bien de la mise en place de différenciation au sein de la classe. Cette hybridation des supports nous semble primordiale. Loin du tout numérique ou du tout papier, nous défendons un numérique raisonné et nous développons, les uns et les autres, des ressources pédagogiques hybrides mêlant papier et numérique de qualité.
N’oublions pas qu’au cœur du fonctionnement de la classe se trouve l’enseignant. C’est lui qui, en dernier recours, dose le bon volume d’activités à proposer aux élèves, en papier, en numérique ou, sans l’un ni l’autre, en animation de classe. C’est sa liberté pédagogique. Elle est essentielle et nos maisons d’édition scolaire ont à cœur de la défendre.
Quels sont les grands enjeux de la rentrée 2025 pour les Éditeurs d’Éducation ?
Beaucoup d’enjeux importants en cette rentrée 2025 pour les Éditeurs d’Éducation :
- Tout d’abord la mise en place de cette première année de réforme en maternelle, primaire (français, maths), collège (français, maths, langues) et lycée (langues). Mais aussi la suite qui lui sera donnée à la rentrée 2026 avec des enjeux cruciaux autour du nécessaire financement de ces nouveaux programmes.
- Bien entendu, des préoccupations aussi autour de la rentrée en Île-de-France : la région a drastiquement réduit les budgets alloués aux ressources numériques des lycéens et a fait le choix d’une plateforme unique qui laisse les enseignants sceptiques.
- Enfin, dans cet environnement en pleine transformation, dans lequel les régions s’interrogent sur les choix et outils pédagogiques à privilégier dans les années à venir pour les enseignants et les lycéens, il est indispensable que nous soyons à l’écoute pour les accompagner dans leurs réflexions et leur fournir tous les éléments indispensables à leur stratégie éducative : ressources adéquates, datas, etc.